L'Education de Stony Mayhall de Daryl Gregory

Année d'édition : 2016
Edition : Pocket
Nombre de pages : 512 pages
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Stony a trois sœurs : Alice, Chelsea, Junie. Et sa mère Wanda, qui l’aime plus que tout. Sans oublier Kwang, son copain de toujours, persuadé que Stony possède un superpouvoir. Parce que Stony est insensible aux flèches que son ami lui plante dans le ventre histoire de rigoler... Il faut dire que Stony ne respire pas. Ne mange pas vraiment. Ne dort jamais. Et pourtant il grandit. Stony ignore ce qu’il est. Il n’a pas pris la mesure de son réel pouvoir. Ça viendra. Reste une interrogation : y en a-t-il d’autres comme lui ? La réponse à cette question emportera tout dans son sillage...


Mon avis :

Ce roman est atypique. Vraiment. La littérature zombie n'a quasiment plus aucun secret pour moi parce que j'en suis fan. Ce roman pourtant, bouleverse les codes du genre et se veut totalement différent des autres ouvrages zombiesques. Ici, il n'est point trop question de zombies qui bouffent tout le monde, c'est beaucoup plus psychologique. Et tellement bien écrit. Oui, j'ai adoré ce roman que je classe dans mes coups de coeur. L'histoire est prenante, l'évolution est surprenante et à aucun moment je n'ai eu le sentiment d'avoir déjà vécu tout ça dans un autre roman. 

On débute ce roman dans le futur. Alice revient sur les lieux de son enfance avec Kwang et sa nièce Ruby. On apprend qu'une seconde épidémie a eux lieu et Alice se fait un plaisir de raconter comment ils en sont arrivés là. Lorsqu'Alice était enfant, sa mère a découvert une femme morte de froid sur le bas côté d'une route. La morte tenait fermement dans ses bras un nouveau-né qui paraissait lui aussi mort. Wanda ne pu se résoudre à laisser ainsi un bébé et l'emmena chez elle pour lui offrir une sépulture décente. Mais voilà qu'elle découvre horrifié en compagnie de ses filles que le bébé est un zombie. Son coeur ne bat plus, il n'a plus besoin de sommeil ni de manger et pourtant il se tient là, éveillé à bouger. 

On a donc toute une première partie où Stony va évoluer et passer du stade de nouveau-né zombie à celui d'adolescent zombie. Parce que malgré tout, oui Stony grandit et c'est bien la première fois qu'on remarque une telle chose chez un zombie. Mais Stony est caché aux yeux de tous parce que depuis une précédente épidémie de zombie, les autorités et la population sont terrifiées et exterminent à vue le moindre mort-vivant qui traîne dans le coin. Stony ne sera pourtant jamais seul puisque ses trois "soeurs" vont passer du temps en sa compagnie et lui apprendre un tas de choses. Il pourra aussi compter sur Kwang, son voisin avec qui il liera une très forte amitié malgré sa condition de zombie. C'est une belle image pour la tolérance que cette amitié atypique et pourtant si drôle. Parce que oui Kwang et Stony vont faire les quatre cent coups ensemble. l'un s'amusant à planter des flêchettes dans le corps de son ami pour voir s'il ressent la douleur, ou encore lui faisant boire beaucoup d'alcool pour voir s'il peut être saoul. (D'autres passages évoquent aussi la sexualité lorsque Kwang cherche à découvrir si Stony n'a pas là aussi un problème.). Ces passages sont très drôles et touchants et cette petite point d'humour noire omniprésente m'a beaucoup fait de bien. Ce début se veut initiatique où Stony découvre vraiment ses capacités et sa personnalité. il s'affirme petit à petit et se rend compte de la difficulté d'être un zombie.

Cette première partie pose déjà un contexte atypique et qui va de suite prendre le lecteur dans ses filets. On apprécie Stony et on est triste de voir que sa vie n'est pas plus épanouissante. Et lorsque intervient un drame en 1982, alors qu'il n'a que 14 ans, Stony va devoir prendre le large et sa vie va prendre un tournant nouveau. Il ne sera plus seul. Il va alors rencontrer d'autres zombies qui comme lui se cachent et n'en peuvent plus d'être ainsi traité comme des parias alors que ce sont des êtres humains. Toute cette seconde partie utilise des thématiques plus profondes comme la religion, la colère d'une population, le rejet, la peur et bien d'autres choses encore. Mais voilà, on s'en fiche parce qu'on apprécie tellement Stony qu'on suit son histoire et qu'on le voit revêtir un rôle des plus important. Je n'en dirais pas davantage, mais foncé, vous ne le regretterez pas.

Alors oui, c'est un roman zombie avec quelques séquences pleine de tripes et d'hémoglobine, mais il est différent des autres romans. Ici les zombies ont une conscience, parlent, agissent comme des êtres vivants sauf qu'ils n'ont besoin ni de manger, ni de dormir. On ignore également la cause de leur condition et leur attrait pour la viande humaine est présente, mais seulement lors des premiers jours de transformation. Passé un certain temps, ils sont capables de gérer leur faim et de ne même plus la ressentir.

En voilà donc un roman qui mise sur un thème maintes fois utilisé, mais qui l'utilise de manière intelligente. Dès l'instant où j'ai débuté ma lecture, je n'avais de cesse de vouloir y retourner les fois où j'étais forcé de le poser. Stony m'aura fait rêver, voyager et avoir beaucoup de compassion pour un zombie. Une perle de la littérature zombie !

Vous y trouverez :
- des zombies
- de l'humoir noir
- un roman initiatique

Vous n'y trouverez pas :
- de carnage zombies et tout ce qui s'ensuit à fortes doses.
- de lenteurs. 


 

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