Les enfants de l'eau noire de Joe R. Lansdale



Année d'édition : 2015
Edition : Denoël
Nombre de pages : 368
Public visé : Adulte
Illustration de Fotolia
Quatrième de couverture :
Texas, années 1930. Elevée dans la misère au bord de la Sabine, qui s'écoule jusqu'aux bayous de Louisiane, May Linn, jolie fille de seize ans, rêve de devenir star de cinéma. Un songe qui s'achève brutalement lorsqu'on repêche dans le fleuve son cadavre mutilé. Ses jeunes amis Sue Ellen, Terry et Jinx, en rupture familiale, décident alors de l'incinérer et d'emporter ses cendres à Hollywood. May Linn ne sera jamais une star, mais au moins elle reposera à l'endroit de ses rêves. Volant un radeau mais surtout le magot d'un hold-up, la singulière équipe s'embarque dans une périlleuse descente du fleuve, le diable aux trousses. Car non seulement l'agent Sy, flic violent et corrompu, les pourchasse, mais Skunk, un monstre sorti de l'enfer, cherche à leur faire la peau. Quand vous décidez de faire vôtres les rêves d'un autre, ses pires cauchemars peuvent aussi profiter du voyage.

Mon avis : 

Sue Ellen, Terry, Jinx et May Linn sont inséparables. Cette bande d'amie aime à s'imaginer ailleurs profitant enfin d'une vie heureuse et sans craindre sans arrêt pour leur vie. Sue Ellen déteste sa famille. Son père est alcoolique et n'hésite pas à la cogner, elle et sa mère, dès que l'envie lui prend. Si ce n'était que ça ! L'homme semble en effet apprécier de tripoter sa propre fille, argumentant que c'est normal. Mais Sue Ellen n'est pas stupide et commence à faire front face à ce paternel qu'elle déteste et qui drogue volontairement sa mère pour qu'elle ne quitte jamais sa chambre. Terry non plus n'a rien pour être heureux. Tout le monde se moque de sa prétendue homosexualité et son nouveau beau-père le déteste et le lui fait bien comprendre. Jinx est une fille vive et qui n'a pas sa langue dans sa poche. A une époque où avoir la peau noire n'est pas un atout, Jinx sait affronter les autres, elle n'a peur de personne. May Linn par contre est très différente. Très belle, elle fait tourner les têtes des hommes du village, mais surtout, elle est la seule à avoir un rêve : aller à Hollywood ! Aussi, le jour où pendant une partie de pêche Sue Ellen, Terry, le père de Sue Ellen et son oncle découvre le cadavre de May Linn, la bande d'amis prend la plus surprenante des décisions. Ils vont amener May Linn à Hollywood ! 

Mais pour se faire ils devront : déterrer son cadavre, l'incinérer eux-mêmes, trouver l'argent d'un braquage qui a été enterré et affronter ceux qui sont prêt à tout pour leur reprendre l'argent...

Ce roman, j'avais hâte de le découvrir, pour la simple et bonne raison que j'avais adoré les enfants du rasoir du même auteur. J'espérais donc retrouver un style nerveux, oppressant et une histoire banale au premier abord, mais qui très vite tombe dans une mécanique de destruction improbable. Et, je suis ravie car ce fut le cas ! Les enfants de l'eau noire échappe de peu au coup de coeur à cause d'une grosse incohérence dans l'histoire et de quelques moments un peu mou où des personnages racontent leur histoire alors qu'en fait on ne les revoit plus, n'apportant donc rien de concret à l'intrigue. Mise à part ces deux défauts sur lesquels je vais revenir, j'ai passé un moment furieusement oppressant avec nos jeunes héros ! 

D'emblée, j'ai apprécié de suivre cette aventure du point de vue de Sue Ellen. La jeune fille est courageuse et n'hésite pas à dire ce qu'elle pense. Son père Don est un alcoolique violent et pervers et en grandissant, la jeune fille parvient à l'éviter comme la peste. On sent très vite la haine qu'elle éprouve pour son paternel surtout lorsqu'elle évoque un gourdin en bois avec lequel elle s'endort pour se protéger de lui ! On est de suite mis dans le bain de ce roman où tout ou presque est obscure et chaque personne a quelque chose de malsain. Même les plus jeunes ! Et puis au cours d'une simple partie de pêche, nos héros découvre le corps de leur amie May Linn clairement assassinée puisqu'une machine à coudre a été attaché à ses jambes pour éviter que son corps ne remonte. Là où des gens normaux auraient appelé la police, Don et Tonton Gene décide de la remettre à l'eau ni vu ni connu sans être ému par le sort qui a été réservé à la jeune fille. Mais Terry et Sue Ellen ne sont pas d'accord et c'est sans joie que Gene s'en va chercher Sy, un flic violent et corrompu. 

La pauvre fille est vite enterrée, aucune enquête n'est ouverte et personne ne semble s'émouvoir de sa disparition tragique sauf notre trio qui décide après avoir découvert une carte de May Linn de trouver un sac rempli d'argent caché dans le village. Avec cet argent, ils décident de déterrer leur amie, de l'incinérer eux même pour lâcher ses cendres à Hollywood. Leur but est fou, disons-le clairement et leur aventure ne s'arrêtera pas là ! Poursuivi par Sy et Gene qui ont appris qu'ils transportaient un sac rempli d'argent, nos jeunes héros vont devoir se protéger contre des mecs violents et sans pitié. On suit donc une course poursuite entre trois jeune et la mère de Sue Ellen qui finit par les rejoindre et des hommes dangereux qui n'auront aucune pitié lorsqu'ils mettront la main sur nos héros. C'est rapide, parfois gore et violent, mais on est vraiment à bout de souffle face aux péripéties de nos jeunes amis. Voguant sur un simple radeau vers leur destination, ils finissent par passer quelques jours avec un prédicateur qui les apprécie beaucoup jusqu'au moment où Sy et Gene finissent par les retrouver. Poursuivis également par Slunk, un homme des bois dangereux et qui semble au départ n'être qu'une créature imaginaire pour effrayer les enfants, oui nos héros vont se battre chèrement pour assurer leur survie ! 

Entre une vieille folle qui va les séquestrer, des membres arrachés, des tortures, des pleurs et beaucoup de frayeurs, Sue Ellen et ses amis vont découvrir l'horreur la plus absolue. Pourtant, ils n'abandonneront pas leur rêve d'honorer une dernière fois leur amie et c'est ça le plus important. Homophobie, racisme, violence, torture, l'auteur utilise des thèmes durs pour ce roman des années 30 où malheureusement le racisme était encore bien présent dans certains petits villages. Jinx se moque de ce que l'on pense d'elle, elle assume parfaitement d'être noire et à de multiples reprises j'ai admiré son courage et son tempérament de lionne. Terry est plus introverti, plus discret. Ce beau jeune homme qui aime les garçons et qui doit cacher ses préférences cache tellement de chose au fond de lui qu'il finit par se laisser dominer par ses secrets. Le dernier personnage intéressat c'est Helen, la mère de Sue Ellen qui finit enfin par se réveiller. Elle aussi cache des secrets qu'elle va révéler petit à petit, mais surtout elle s'éveille enfin d'un long sommeil, droguée qu'elle était par des médicaments. Helen qui finit par cesser de se taire et de se cacher. Elle commence à reprendre confiance en elle, grâce à sa fille qu'elle admire, on le ressent. Et puis il ya Slunk, croque mitaine du coin qui effraye rien que par son surnom. Homme effrayant qui une fois qu'il vous prend en chasse ne vous lâche plus jusqu'à ce qu'il parviennent à vous tuer à petit feu. J'ai adoré son côté folklorique et le doute que nous met l'auteur quant à savoir si oui ou non il existe! Les personnages sont donc succulents, criant de réalisme et n'hésite pas à se dépasser ! 

Jusqu'à la fin complètement déjantée, ce roman m'aura fait passer par un tas d'émotions. J'aurais pu avoir un gros coup de coeur, mais deux petites choses m'ont empêché d'être amoureuse de ce livre. La première chose ce sont les histoires de vies de certains personnages. L'auteur prend le temps de raconter l'histoire de ces hommes et femmes qui n'interviennent que pendant un laps de temps très court et je n'en ai pas trouvé l'utilité. Cela coupe trop l'ambiance du roman et je ne voulais pas de temps mort tant j'appréciais le rythme du roman ! La seconde chose qui m'a gêné c'est une incohérence dans le roman concernant un bras noirci par la pourriture. Tantôt ce bras se trouve autour du coup de Slunk, et quelques pages plus loin, il est de nouveau dans la boite que tient la vieille folle... Ce n'est qu'un détail, certes, mais pour moi c'était important que tout reste parfait. 

Je vais m'arrêter là, mais vraiment ce livre mérite d'être lu ! Il se dévore sans scrupule et fait passer un très bon moment ! Certains passages sont hards et donc peu recommandés pour des lecteurs fragiles, mais pour ma part, c'était ce que j'attendais de l'auteur et il ne m'aura pas déçue ! Un voyage troublant initiatique où nos héros fuguent pour éviter une vie de misère et de coups. Des adolescents qui deviendront adultes bien avant le moment luttant férocement pour rester en vie ! A lire !

http://www.denoel.fr/Catalogue/DENOEL/Sueurs-Froides/Les-Enfants-de-l-eau-noire

Commentaires

  1. Le seul de cet auteur que j'ai lu était Le Drive-in. Un petit roman d'à peine 150 pages. Du grand n'importe quoi, mais j'ai bien ri ^^

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    1. ah je ne connais pas ce roman, je vais aller me renseigner ^^

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