Amour à mort de Jean-David Morvan

Année d'édition : 2012
Edition : Glénat
Nombre de pages : 52
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Deux destins sous la coupe cruelle d'Éros et Thanatos

La belle Mianne s'apprête à épouser le Sire Anislaar, et dans les allées de l'église bruissent de drôles de rumeurs... On dit que les futurs mariés se sont rencontrés la première fois il y a une dizaine d'années, alors qu'Anislaar venait de trancher la tête du père de Mianne, que Mianne aurait déjà tué par vengeance les proches du roi qu'elle s'apprête à épouser, qu'on peut contempler le récit d'une vie de rage sur les broderies de sa robe, patiemment élaborée dans sa prison dorée... Si ces rumeurs disent vrai, on se demande comment il est possible que Mianne et Anislaar aient décidés d'aller jusqu'à l'autel, et surtout, si le moment venu, ils se diront vraiment «oui» pour cette vie...

Le talent de conteur de Jean-David Morvan nous enchante dans ce conte romantique, servi par la splendeur du dessin de Jiawei Huang.

Deux hommes se retrouvent dans une église. Autour d'eux, une foule se prépare à une célébration troublante. Le roi Anislaar s'apprête à épouser Mianne di'vestall, la fille du plus grand ennemi de son père, aujourd'hui mort. L'un des hommes s'en étonne et ne comprend pas comment d'ennemis, ils vont aujourd'hui s'unir par le mariage. Son interlocuteur décide alors de lui raconter tout ce qu'il s'est passé depuis des mois pour conduire à cette union. Commence alors un récit tragique, sombre et dramatique.

Amour à mort est une bande dessinée qui étonne. Visuellement elle est vraiment chouette, les dessins de Huangjiawei sont vraiment fluides et détaillés et même si la couleur reste dans des tons sombres pour suivre avec l'histoire, c'est un plaisir pour les yeux. J'étais quelque peu fâchée avec la bande dessinée dans le sens où je n'en trouve que peu qui me plaisent vraiment, mais Amour à mort est une belle découverte tant au niveau scénaristique que graphique. La couverture montre tout le talent de l'illustrateur et ne ment pas sur le reste de la bande dessinée.

L'histoire qui tient en un seul volume est magnifique. On y suit l'histoire de Mianne qui s'apprête à épouser son ennemi de toujours, le roi Anislaar, celui-là même qui a assassiné son père le roi de Di'vestall. Un baron sur place pendant la cérémonie s'étonne de cette union que le peuple a du mal à vraiment accepter. Et on peut les comprendre. L'intrigue tient donc autour de ce retournement de situation pour le peu inhabituel et sur une histoire d'amour à la Roméo et Juliette, soit plutôt sombre et dramatique. On se retrouve donc plongé au coeur d'une guerre qui fait rage et qui détruira tout un peuple sous les yeux horrifiés de Mianne qui est parvenu à rester cachée de ses ennemis sans pour autant réussir à se cacher du sort réservé à son peuple. Brûlés, éventrés, décapités, rien ne leur sera épargné pendant que Mianna bouillonne de rage. Elle jurera de se venger et profitant d'un moment de calme, elle va fuir et apprendre à se défendre. Elle va travailler pendant des mois sur sa vengeance pour réussir à détruire ce peuple qui a anéanti les siens et on la sent éteinte, condamnée à un sort tragique.

C'est donc une héroïne forte, mais éteinte que nous suivons tout au long de la bande dessinée. Elle tente de survivre malgré le nombre d'ennemis à ses trousses tout en souhaitant ardemment la mort de ses ennemis qui sont à l'origine de la disparition de son peuple. Et puis elle rencontre Anislaar et on sent une émotion qui les traverse tous deux. Quelque chose de passionnel et de vif qui ne pourra que les réunir. 

Le fait de raconter l'histoire via une personne extérieure à l'intrigue m'a beaucoup plu et a renforcé l'impact qu'a eu l'aventure de Mianne sur moi. J'ai été plus que conquise par cette tragédie romantique et sombre et me voilà réconciliée avec la bande dessinée !

Chronique pour les chroniques de l'imaginaire