Etherna, tome 1 : Terre et Air de Nicolas Bouchard

Année d'édition : 2017
Edition : Rebelle
Nombre de pages : 272
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Trois jeunes gens d'époques et de lieux différents meurent. Une vestale romaine, un Japonnais des années 30 et un allemand des années 2020. Leur seul point commun est qu'ils se sont tous suicidés.
Tous les trois se retrouvent dans un lieu étrange. Le monde d'Ether. Un système constitué de gigantesques anneaux concentriques : Terre, Air, Eau, Feu et Métal. Quel est donc ce monde où semblent s'être réunis les jeunes de toutes les époques ayant mis fin à leurs jours ?
La réponse est au centre du système. Mais pour y arriver, ils devront franchir tous les anneaux et rejoindre le centre. Seuls ceux qui atteignent le but auront une réponse. Un seul clan gagnera, et ils sont nombreux à vouloir tenter l'aventure.

Mon avis :

Nicolas Bouchard est un auteur que j'avais déjà pu lire avec la Sybille et le marquis, roman qui m'avait vraiment plu. Du coup, je m'attendais à quelque chose d'assez sombre, portée sur la sexualité, mais l'auteur a sur malgré tout me surprendre. Je ne sais même pas dire si j'ai apprécié ce roman ou si je l'ai détesté. Il surprend, va dans des directions qu'on attend pas du tout et possède un univers ultra complexe et saisissant.

La plume narrative m'aura surprise. Je l'ai trouvé lente, trop lente pour l'aventure incroyable qu'on nous raconte. La plupart du temps, elle se veut poétique et descriptive et sans crier gare elle tombe dans le vulgaire, contraste très visible entre certaines séquences. Les soixante premières pages sont très lentes et longues et j'avoue avoir soufflé à plusieurs reprises parce que je m'ennuie énormément et que rien de bien intéressant ou de bien stimulant ne se déroulait. Pourtant, la seconde partie est vive, rapide, pleine d'action et de découvertes et fort heureusement le roman est court ce qui permet donc de ne pas avoir cette envie de le poser dans un coin pour ne plus le réouvrir. Là, pour le coup, ça a failli. J'avais du mal à avancer et les personnages ne me stimulaient pas assez pour me donner cette envie d'en reprendre la lecture rapidement. Le style se veut descriptif et pourtant, j'ai parfois eu énormément de mal  visualiser certaines scènes.

L'ambiance du roman est assez sombre et on reste dans un flou quasi permanent concernant le pourquoi du comment. (Surtout si on ne lit pas la quatrième de couverture, qui en dit bien trop sur l'intrigue, dévoilant des événements qui se situe au delà des cent premières pages, bien trop pour un texte aussi court.) Le roman raconte l'histoire de jeunes qui se retrouvent sur une drôle de planète après s'être suicidé. Forcément les élucubrations vont bon train et chacun tente de se trouver une explication qui correspond à ses croyances et à son époque. On sent tout de même la noirceur de l'univers et des personnages ce qui offre une ambiance somme toute assez glauque et froide malgré l'anneau de feu.

L'univers est étrange, onirique. On surfe entre réalité et rêve. Entre Paradis et Enfer. C'est un monde dangereux, peuplé de créatures envoûtantes et sensuelles qui ne feront qu'une bouchée des pauvres humains qui succombent à leur charme. Tout se veut une ode à la sensualité et à la sexualité, de ces êtres fait de nature aux attributs bien mis en évidence, à l'histoire de nos héros et au sort réservé à certaines femmes soumises malgré elle et qui ne voient pas comment parvenir à en sortir. (Même si certaines s'estiment satisfaite de leur sort.) On est ici sur Etherna, lieu composé de plusieurs anneaux de matières différentes et habités par des peuplades magiques et inconnus. C'est bien pensé, l'univers est franchement bon, dense et complexe. On aurait presque envie de se flinguer pour y faire un séjour, surtout que sur Etherna, on peut devenir qui ont veut et on devient immortel ! Parce que oui, chaque fois que vous mourrez sur Etherna (et peu importe de quelle façon, de la plus violente et sanglante, à la plus efficace et lente) vous vous réveillez de suite, avec les marques de vos blessures en guise de tatouages. Original et bien pensé puisque du coup, nos personnages n'ont plus peur de mourir et donc de s'imposer.

Parlons-en des personnages d'ailleurs. Que d'originalité dans ceux proposé ici ! Bien que je ne l'ai ai pas tous apprécié, yen a qui sont franchement détestables, je dois bien reconnaître que l'auteur tente quelque chose de déstabilisant en proposant des héros qui n'ont pas le même âge, pas la même langue et donc ne se comprennent pas forcément et qui en plus viennent d'époques complètement différentes ! Mutsuo est un Japonais des années 30, ayant vécu en pleine ascension d'Hitler. Un jeune homme violent, obsédé par le sexe depuis tout petit (son histoire particulière et violente nous est conté par l'auteur et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle n'est pas jolie jolie !) violeur à ses heures perdus, assassins aussi puisqu'il sera connu dans le futur comme un tueur de masse doublé d'un violeur malade. D'ailleurs ses instincts reprennent vite le dessus et j'ai retrouvé un peu de la Sybille et le marquis avec ces tentatives de viols, la question du sexe et son importance. Bref, c'est un personnage bouffé par le mal et par ses démons et malgré cela, on a pitié de lui... vraiment. Pauvre gars ! C'est même lui le héros du roman, parce qu'il est l'un des rares dont on parle du passé avec importance. Opimia la vestale, née bien avant Jésus-Christ et qui a beaucoup de mal à se faire comprendre reste assez effacée. Pauvre femme fragile, objet de toutes les convoitises les plus lubriques, elle n'est là presque que pour permettre aux hommes de se battre pour elle. Luther, le jeune allemand n'est pas le héros alors que c'est ce qu'on pourrait s'imaginer dès le début. Ils avancent tous dans la même optique : parvenir à fuir Etherna !

L'intrigue m'a plu même si j'ai eu un peu de mal à voir où voulait en venir l'auteur. Le début n'est pas clair et heureusement que j'avais lu la quatrième de couverture qui explique la direction que prendra le roman. C'est une histoire de survie à la Hunger Games, mais en bien plus violente et plus sombre où le plus fort tente d'écraser le plus faible et où des alliances improbables sont tout à fait possibles. (Mutsuo et les Berserkirs par exemple). Il faut donc parvenir à construire un bateau volant ou ce qui s'en rapproche et aller d'anneaux en anneaux en évitant les pièges, créatures effrayantes et les autres factions prêtent à tout pour y parvenir elles aussi. Le roman en devient donc plus intense de pages en pages et j'ai trouvé que l'originalité était vraiment visible de par l'intrigue mise en place (et le choix des personnages.)

Maintenant, j'avoue être perplexe et embêtée. Je ne sais dire si ce roman est une pépite d'intelligence et d'obscurité ou bien si c'est une tentative vaine d'essayer de se montrer originale et d'user et d'abuser de la violence et du sexe (enfin en l'occurrence du viol qui n'est pas utile pour l'historie.). On a ici d'excellentes idées. Les cents dernières pages sont fantastiques. Mais les soixante premières pages, avant la rencontre entre Mutsuo et Luther sont longues et ont beaucoup de mal à lancer le lecteur dans une lecture effrénée. Est-ce dû à l'absence d'échanges verbaux entre les protagonistes puisqu'ils sont tous seuls chacun de leur côté avant leur rencontre ? Le fait qu'on sait à l'avance l'enjeu de ce lieu en partie à cause de la quatrième de couverture trop révélatrice et donc on s'impatiente forcément de voir les choses bouger. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Toujours est-il que oui j'ai envie de lire la suite. Que oui j'ai trouvé des passages géniaux tandis que d'autres m'ennuyaient. Il vous reste une seule solution : plongez aux côtés de nos héros dans le monde d'Etherna et découvrez si oui ou non cela va vous plaire.

Vous y trouverez :
- De la violence
- Du viol
- Un univers de SF atypique et original
- Des héros venant de toutes les époques !

Vous n'y trouverez pas :
- De romance et d'amour avec des papillons, des chansons et de tendres baisers échangés.
- D'action au début 
- D'explications concrètes.


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