Marie Béatrice de Romain Mikam

Année d'édition : 2015
Edition : Auto-édité
Nombre de pages : 386
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Au sein de la Principauté, cette enclave aux lois atypiques, les machines comme Marie ont des droits. Elles sont de vraies personnes, avec carte d'identité, permis de conduire, taxe d'habitation et sécurité sociale.

Et en tant que personne libre, Marie entend bien tirer tout ce qu'elle peut de sa vie. Mais sa programmation la destine à accomplir des actes sexuels rémunérés pour survivre.

Comment concilier cet impératif avec son désir de normalité, avec sa vie de couple, avec son besoin de sécurité ? Et si elle en faisait un soin ? Qui pourrait se plaindre qu'elle travaille dans un hôpital ?

La première page :

Mon avis :

Marie-Béatrice à tout d'une humaine normale. A ceci près qu'elle n'en est pas une. Non. Marie-Béatrice est un robot. Mais pas n'importe lequel. Sa fonction principale : le sexe. Elle et d'autres robots ont été crée dans le seul but de remplacer les prostituées humaines pour leur éviter des agressions et permettre à n'importe quel client d'être satisfait. Car les robots sont des pro dans ce domaine et rapporte beaucoup d'argent. Marie-Béatrice comme toutes les autres ont pourtant chacune une personnalité qui leur est propre. Sans les marques sur leur corps prouvant leur condition de machine, rien ne les différencie d'un humain en tout cas au niveau psychologique. Et lorsque l'une d'elle, Marie-Béatrice en l'occurrence décide de se rendre utilise au sein d'un hôpital en permettant à des malades d'avoir droit à une vie sexuelle normale malgré leur maladie ou accident, les choses commencent à changer. En plus d'avoir un petit ami humain avec qui elle vit, Marie-Béatrice est vraiment une femme à part et compte bien ne pas faire les choses comme tout le monde.

Il y a des romans qui passent inaperçus. C'est le cas de Marie-Béatrice. Un roman de science-fiction surprenant par son histoire et son cheminement. Le coup de coeur m'a frôlé, très franchement et à part quelques séquences qui m'auront semblé excessives, j'ai passé un moment extra. Nul doute que ce roman en a sous la couverture et qu'il mérite a être davantage connu. Sincèrement. Déjà, j'ai grandement été convaincu par le personnage que nous présente l'auteur. La plume est vive, rythmée et l'humour de Marie est juste hyper contagieux. Je me suis régalée de sa répartie et sa façon de voir les choses. Tout semble si juste et simple avec elle, or c'est loin d'être le cas. Du moins, pour nous, les humains, comme dans 90% des cas.

L'auteur propose une histoire atypique où la robotique, le sexe et la maladie sont liés. Quand une prostituée robot décide de devenir professionnelle dans un hôpital, les choses sont loin d'être normales. Mais voilà, derrière cette idée complètement dingue, se cache une vraie problématique qui nous concerne. En effet, qu'en est-il de la dignité humaine lorsque des hommes et des femmes se retrouvent sans aucune sexualité ? Malade ou blessé, les gens hospitalisé pendant des semaines voir des mois se voient privé de tout lien d'ordre sexuel avec leur compagnon. Et c'est un sujet sensible, presque tabou, que traite l'auteur via ce roman de science-fiction. Alors voilà Marie-Béatrice qui arrive et pose cette lourde problématique, proposant ses services de robots-prostituées pour aider ces gens là à se sentir mieux, pensant même qu'une guérison sera plus rapide si certains besoins sont assouvis. C'est culotté, certes, mais Marie l'est, ou pas, selon les situations.

Bon forcément, la sexualité des patients d'un hôpital n'est pas tout et on découvre les difficultés de Marie pour prétendre à une vie normale. Son petit-ami a beaucoup de mal à se faire à sa condition, mais comprenez que Marie n'a pas le choix d'être une prostituée. Elle a un quota à réaliser chaque semaine. Un quota de relation sexuel et si elle ne l'atteint pas, elle est envoyé en pièce détaché à la plus proche casse du coin. Sympa donc ! Surtout que Marie possède une véritable personnalité et des émotions. Marie est une machine sans coeur pourtant, elle est amoureuse et cela pose donc d'autres questions : qu'est-ce qui nous rend amoureuse ? Ce n'est pas le coeur (les vampires en sont dépourvus normalement, il ne fonctionne plus) mais ce serait donc d'ordre psychique ? L'auteur m'a fait me poser beaucoup de question en partie à cause de Marie et j'ai adoré ça. Réfléchir, comprendre, analyser. Voilà un roman qui pousse à la réflexion de la condition des prostitués, des malades, de l'acceptation des différences chez l'autre, parce que oui Marie aura beaucoup de regards haineux, de mots blessants à son encontre.

L'évolution est chouette et malgré deux- trois points peu convaincant (la blessure de son petit-ami par exemple ou la réaction trop excessive de sa belle-mère,) j'ai dévoré ce roman ! C'est un roman intelligent, bien mené et qui pousse à de nombreuses réflexions. Je recommande sans aucun doute !

Les plus :
- L'univers de science-fiction où les prostitués sont des machines
- Le personnage de Marie
- Les nombreuses réflexions qui ressortent à la lecture.

Les moins :
- Parfois cru, à réserver à un public mâture.


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